Partager:
A Gaza, les enfants sont pris au piège entre la guerre et la malnutrition. Un Belge, porte-parole de l'Unicef, est un témoin direct des évènements. Il y a quelques jours, il était encore sur place. Son récit est alarmant.
Jana, 12 ans, est responsable de l'eau et la nourriture pour la famille depuis que son frère a été tué par un sniper. "On fait la file pendant des heures et parfois c'est juste pour remplir un demi-seau", explique la jeune fille. Des enfants comme Jana, Jonathan Crickx en a croisé des dizaines et des dizaines.
"Il y a dans la bande de Gaza aujourd'hui 1,1 million d'enfants qui souffrent de la faim, qui souffrent de la soif, qui vivent dans des conditions absolument déplorables. C'est comme si demain, quand vous vous promenez à Bruxelles, toute la journée, toutes les personnes que vous rencontrez, c'est un enfant qui a faim ou qui a soif. Et quand ils nous voient arriver, ils pensent qu'on va pouvoir leur distribuer de la nourriture", raconte Jonathan Crickx, directeur de la communication pour Unicef Palestine.
24 langes pour les bébés, c'est 100 euros
Il y a quelques jours encore, ce Belge était présent à Gaza. "Je suis à Khan Younès, dans un des supermarchés, où tous les rayons sont vides", observe-t-il dans une vidéo filmée sur place. "Cinq kilos de pommes de terre, c'est 80 euros. Cinq kilos de tomates, c'est 50 euros. 24 langes pour les bébés, 100 euros", énumère Jonathan Crickx.
Depuis lundi, Israël laisse entrer l'aide humanitaire au compte-goutte. Cette boulangerie a commencé à fonctionner à nouveau. "Nous ne demandons pas un petit sac de pain, mais un ou deux sacs de farine. Un sac de pain ne suffit pas pour 7 à 12 personnes", assure une habitante de Gaza.
Mais les 11 semaines de blocus total laissent des traces. "Voici une petite fille de 5 mois. Elle souffre de sévère dénutrition", montre le directeur de la communication dans une autre vidéo.
L'Unicef a déjà traité 11 000 enfants pour dénutrition sévère depuis le début de l'année. "Et à 5 mois, elle pèse 2,2 kilos. Quand elle pleure, on entend à peine son cri parce qu'elle n'a pas de force en fait", explique Jonathan Crickx.
Elle venait d'apprendre que l'ensemble de sa famille avait été tuée
Outre la faim, il y a les blessures et les traumas, mais pas de médicaments pour les soulager. Misk a 11 ans, elle a été brûlée au visage et aux jambes lors du bombardement de sa maison. "C'était aussi une rencontre assez difficile parce qu'elle venait d'apprendre juste quelques heures auparavant que l'ensemble de sa famille avait été tuée dans le bombardement qui l’a blessée, elle", raconte-t-il.
Quant à Jana, elle n'a rien pu faire pour sa petite nièce. "Là, c'est quand elle était en train de mourir. Dieu la bénisse", pleure la jeune fille en regardant des images sur son téléphone. À 3 mois, le bébé est décédé. Jana n'a pas trouvé de lait en poudre.