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C’est à deux pas de la gare de Schaerbeek, au niveau d’un passage piéton, que Léa (prénom d’emprunt), a vécu une expérience traumatisante. Cela fait un peu moins de 10 jours qu’en voulant traverser la rue, une voiture de police l’a percutée de plein fouet.
« J’ai été propulsée et j’ai atterri en plein sur la tête. Mes dents volaient en éclats et je me suis retrouvée par terre ensanglantée sous le choc de ce qui venait de m’arriver », témoigne-t-elle.
Résultat, la mâchoire de Léa est brisée. Depuis, les rendez-vous médicaux s’enchaînent et la convalescence promet d’être longue.« Des dents éclatées, arrachées. J’ai eu une commotion cérébrale. J’ai dû passer des jours dans le noir. Si je devais sortir, c’était avec des lunettes et un masque, évidemment, ma mâchoire était explosée. »
Un sentiment d’abandon
Mais les blessures ne sont pas que physiques. Léa se sent abandonnée. Elle n’a pas encore été auditionnée par les forces de l’ordre et n’a reçu aucune explication sur les circonstances de l’accident. Le policier conducteur n’a présenté aucune excuse. Aujourd’hui, elle n’ose plus se promener à Schaerbeek.
Ce que je déplore, c’est le manque d’humanité et d’accompagnement humain
« Je me doute bien que l’officier n’a pas fait exprès de me renverser. J’ai bien compris qu’en plus, il y avait une intervention, etc. Je ne peux pas parler de manquement, mais ce que je déplore, c’est le manque d’humanité et d’accompagnement humain. Je trouve ça triste. »
Pour son avocat, ce manque de prise en charge est inacceptable. « Quand on ne sait pas ce qui se passe, quand on est vraiment dans le silence total de la part des autorités, on a de plus en plus de questions qui se rajoutent et ça renforce un peu le traumatisme de cette personne », fait remarquer l’avocat Guillaume Lys. « Il faut aussi se dire que dans le climat actuel, avec tout ce qu’on entend, tout ce qui s’est passé encore extrêmement récemment, je crois que la moindre des choses, c’est justement de changer de comportement, d’essayer de faire preuve de plus de respect, de plus d’humanité et d’inspirer un peu confiance, ce qui ici n’est pas du tout le cas. »
Si le temps de la justice est notoirement long, pour les victimes, chaque minute semble être une éternité. Léa nourrit donc l’espoir qu’un jour, l’humain se retrouve au centre du système.