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Santé, argent, circulation : après un an sans gouvernement bruxellois, quelles sont les conséquences concrètes pour les habitants ?

Par RTL info avec Mathieu Col, Anna Lawan et Guillaume Bruwier

Un an après le vote, il n’y a toujours pas de gouvernement à Bruxelles. Voici quelques explications sur les répercussions dans la vie des habitants de la capitale.

EN DEUX MOTS :

  • Bruxelles souffre de l'absence de gouvernement : les tunnels, le métro et les hôpitaux ne peuvent avancer leurs projets, faute de validation politique.
  • La suspension des primes à la rénovation provoque l'arrêt de 75 % des chantiers et une vague de faillites dans le secteur de la construction.
  • Malgré tout, l'économie bruxelloise résiste, mais les acteurs économiques appellent urgemment à la formation d'un nouveau gouvernement.

La vie des Bruxellois ne s’est pas arrêtée malgré l’absence d’un gouvernement de plein exercice, mais cette situation a des conséquences bien concrètes dans la gestion de la ville.

Les tunnels, par exemple, sont censés bénéficier de travaux importants. Mais sans aucun gouvernement, impossible de les financer. « On a des problèmes, notamment au niveau de l’électromécanique », indique Camille Thiry, porte-parole de Bruxelles-mobilité. « On a parfois des soucis techniques qui se multiplient suite au fait que les infrastructures vieillissent, et ça implique de plus en plus de fermetures de tunnels, ça a un impact sur le citoyen. »

 

 

Pour lancer un projet de rénovation dont la valeur est à plus de 100 millions d’euros, Bruxelles-mobilité a « besoin de l’approbation du gouvernement sur le cahier de charges et sur ses budgets », poursuit Camille Thiry.

Des chantiers en attente dans les tunnels, donc, mais aussi partiellement à l’arrêt. C’est le cas de la future ligne 3 du métro bruxellois. Certaines portions attendent les décisions d’un gouvernement qui n’existe pas.

Plus de primes à la rénovation

Autre conséquence très concrète de cette année au niveau des affaires courantes (c’est-à-dire une affaire ou un dossier que la commune peut traiter pendant une période de transition) : la suspension des primes à la rénovation, dont le budget exige une validation par un gouvernement de plein exercice. Conséquence de la conséquence : une hécatombe en vue dans le secteur.

« À l’heure actuelle, avec la suspension depuis le début de 2025, 75 % des chantiers qui étaient prévus ne vont pas se faire », s’alarme Jean-Christophe Vanderhaegen. directeur d’Embuild Bruxelles. « 75 %, c’est tout un tissu de PME, de TPE, qui sont investis dans la rénovation urbaine, qui commencent à connaître des problèmes et qui vont peut-être faire faillite. »

En 2024, « on a connu 2.000 faillites dans le secteur, rien que sur Bruxelles et maintenant on est déjà à 20 % au-dessus de ce chiffre qui était historiquement mauvais », se désole Jean-Christophe Vanderhaegen.

Les hôpitaux ont « besoin de travaux »

Les hôpitaux publics dépendent aussi de décisions politiques pour investir et garantir des soins de qualité. Mais là aussi, tout est gelé. « On a des infrastructures extrêmement importantes dans l’hôpital : la pharmacie, les soins intensifs, les urgences, dans lesquelles on souhaite faire des investissements pour répondre aux normes et améliorer la qualité des soins aux patients », explique Christophe Soil, directeur général de l’hôpital Saint-Pierre. « Nous avons besoin, pour lancer ces travaux, d’avoir un accord du gouvernement régional. Nous n’avons plus d’interlocuteurs qui nous répondent et qui puissent nous dire 'avec ça on est d’accord, avec ça on n’est pas d’accord'. » Des décisions gelées provisoirement, donc, jusqu’à la formation du gouvernement.

Le message est très clair, on en a ras-le-gouvernement
Thierry Geerts, administrateur-délégué de Beci

Malgré ces cas de figure, l’économie de Bruxelles résiste pour l’instant. Son tissu d’entreprises fait face, Mais le patron des patrons bruxellois prévient : il faut une solution rapidement. « La bonne nouvelle c’est qu’on a encore toujours des communes qui fonctionnent, on a encore toujours l’état national qui fonctionne et l’entrepreneur qui, là-dedans, se débrouille », souligne Thierry Geerts, administrateur-délégué de Beci. « Mais le message est très clair, on en a ras-le-gouvernement, il faut absolument que ces gens se mettent autour de la table pour attaquer des problèmes visibles pour les Bruxellois et pour les entrepreneurs et entrepreneuses bruxelloises. »

 

 

Pour montrer leur mécontentement, près de 500 citoyens ont décidé de se rassembler ce lundi à Bruxelles. Ils ont organisé un pique-nique en face de la Bourse, une action symbolique avec un seul mot d'ordre: "ça suffit". L'initiative a été prise par l'association « Respect Bruxelles », qui demande une reprise des négocitions. « Laissez vos intérêts derrière vous et prenez Bruxelles comme point de départ à toutes vos conversations », demande Daniel Verougstraete, organisateur de l'événement. 

Avant d'ajouter: « Aujourd'hui, les citoyens bruxellois ont envie d'être entendus. La démocratie, ce n'est pas seulement de voter une fois tous les cinq ans, c'est aussi de pouvoir se parler entre élus, être capable de faire des compromis pour pouvoir assumer le pouvoir ».

Même si demain venait à naître un gouvernement, la tâche sera rude. La Région est très endettée. Le déficit pour cette année atteindra 1,6 milliard d'euros.

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