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Faut-il interdire l’IA dans l’enseignement? Cette haute école a trouvé une solution

Par RTL info avec Charlotte Simonart et Steve Damman
De plus en plus d’étudiants utilisent l’intelligence artificielle pour leurs mémoires. Plutôt que d’interdire, des établissements comme l’ICHEC encadrent cette pratique, formant les étudiants à son usage et soulignant ses risques, tout en la considérant comme un outil incontournable de l’enseignement supérieur.

Rédiger un mémoire en s’aidant de l’intelligence artificielle ? De plus en plus d’étudiants franchissent le pas. Et plutôt que de l’interdire, certains établissements d’enseignement supérieur choisissent d’encadrer cette pratique, devenue presque incontournable.

C’est l’épreuve ultime pour tout étudiant : la défense orale du mémoire. Marc espère clôturer en beauté cinq années d’études. « 80 %, donc une grande distinction », ambitionne-t-il. Son mémoire de 80 pages, structuré et rédigé pendant plus de six mois, a bénéficié d’un allié de taille : l’intelligence artificielle.

« Pour tout ce qui est regroupement des sources, et surtout pour trouver des sources pertinentes, ça m’a beaucoup aidé », explique-t-il. « Il suffit d’utiliser le bon prompt avec Copilot ou ChatGPT, et il en sort une liste de sources assez intéressante. »

À l’ICHEC, haute école de commerce, l’usage de l’IA est autorisé depuis plusieurs années, à condition de respecter un cadre strict. Simon Gérard, responsable de l’unité stages mémoires, précise : « Non seulement ce n’est pas quelque chose auquel on peut échapper, mais c’est aussi quelque chose qu’on doit apprendre à maîtriser. » Les étudiants sont donc formés à utiliser correctement ces outils, et doivent détailler leur recours à l’IA dans un tableau spécifique.

Cela peut appauvrir l’esprit critique

Car si ces technologies sont puissantes, elles présentent aussi des risques. Maurice Johnson-Kanyonga, expert en éducation, met en garde : « Bien souvent, l’IA produit des contenus stéréotypés, assez génériques. Cela peut appauvrir l’esprit critique : on pousse moins loin la réflexion, on a moins de recul face aux sources. »

Pour certains enseignants, cette révolution est comparable à celle qu’a représentée la calculatrice, il y a plusieurs décennies. « Depuis qu’on a la calculatrice, on fait des calculs plus complexes. Mais il faut quand même apprendre à calculer mentalement d’abord », illustre Nicolas Van Zeebroeck, professeur en stratégie numérique à l’ULB. « C’est pareil pour l’IA : il faut d’abord maîtriser la recherche et la synthèse avant d’y avoir recours. »

Intolérance face à la triche

À l’ICHEC, l’encadrement ne signifie pas pour autant tolérance face à la triche. La lutte contre le plagiat reste une priorité. « C’est très compliqué, mais on se base sur un faisceau d’indices : un style de rédaction incohérent, un mémoire trop superficiel, ou encore des sources inexistantes ou mal référencées », détaille Simon Gérard.

L’IA est donc devenue une composante naturelle des études supérieures. À tel point que Marc en a fait son sujet de mémoire : son influence dans les ressources humaines et la discrimination à l’embauche. Un thème de société… et un outil déjà bien ancré dans le monde du travail.

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