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L’artiste Kid Noize a suscité la polémique ce week-end en se produisant quasiment au même moment à des dizaines de kilomètres de distance. Tous les calculs étaient formels : en étant présent à Frameries samedi, le vrai Kid Noize ne pouvait pas physiquement être présent à Verviers et à Attert un peu plus tard dans la soirée. Face à la colère des organisateurs et des fans, Grégory Avau, celui qui depuis des années incarne le personnage de Kid Noize, a admis qu’il avait désormais nommé un successeur, qu’il s’était maintenant entouré d’une équipe et que lui resterait désormais dans l’ombre comme directeur artistique.
Grégory Avau estime qu’il n’a dupé personne puisque les organisateurs de ces événements avaient booké le personnage de Kid Noize et non pas Grégory Avau. Juridiquement, qu’en pensent les avocats ? Va-t-il devoir indemniser les organisateurs ?
C’est possible. Selon maître Antoine Chomé, si les spectateurs s’estiment dupés, ils ont la possibilité de plaider au civil l’erreur de personne, étant donné que l’artiste qui était sur scène n’était pas celui qui était prévu dans le contrat, ils pourraient demander la nullité du contrat et un remboursement des tickets.
Sur le plan pénal, aussi, il pourrait y avoir des actions pour escroquerie sur fond de manœuvres frauduleuses. Toujours selon maître Chomé, un artiste qui est détenteur de droits d’auteur peut confier des licences à tout tiers pour exploiter ces droits d’auteur.
Ce qui ne va pas, c’est d’induire les spectateurs en erreur en prétendant que l’on est sur scène alors qu’on a envoyé un sosie à sa place. Le fait qu’il ait caché son concept qui consiste à créer une marque, qui est exploitée par d’autres DJ, c’est ça qui l’expose à d’éventuelles poursuites pour escroquerie.
À Attert, où un faux Kid Noise s’est également produit sur scène le même samedi soir, on n’est pas content non plus. L’échevine de la Culture Amélie Antoine, a le sentiment d’avoir été menée en bateau. Elle a relu le contrat où rien n’indique que Kid Noize se fera remplacer par un quelconque successeur. Elle, en tout cas, comptait sur le vrai Kid Noize et c’est en ce sens qu’elle a signé le contrat.
La commune a l’intention de consulter un avocat pour obtenir un dédommagement ou un remboursement de ce qu’elle a payé par Kid Noize, le vrai, pas un faux. À son avis, c’est encore plus grave parce que c’est de l’argent public qui a financé cette prestation pour que le concert soit gratuit pour les spectateurs. Du côté des organisateurs du festival à Polleur, une réunion est prévue ce soir afin de déterminer ce qu’il y a lieu de faire : ils affirment qu’ils ont signé un contrat avec l’agent de Kid Noise, contrat qui stipule que c’est le vrai Kid Noize qui devait être présent à Polleur.
La stratégie avouée hier par le DJ, qui consiste à former des successeurs, n’avait pas été expliquée aux organisateurs.